L’ex président algérien Abdelaziz Bouteflika est mort

L’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika est décédé dans la soirée de vendredi 17 septembre vers 21h. Le président déchu est mort à l’âge de 84 ans des suites de sa ma maladie, annonce la Présidence de la République dans un communiqué publié sur la télévision publique.

Depuis sa démission deux ans plutôt sous la pression de la rue et de l'armée, Abdelaziz Bouteflika est resté reclus dans sa résidence médicalisée à Zeralda, dans la périphérie d’Alger. L’homme qui a présidé aux destinées de l’Algérie de 1999 à 2019 a quitté ce monde, emportant avec lui de nombreux secrets sur cette période de règne sans partage.

Bien avant d'être un vieillard grabataire, l’ex président Abdelaziz Bouteflika a été le plus jeune ministre des Affaires étrangères au monde. Né le 2 mars 1937 à Oudjda, au Maroc, dans une famille originaire de la région de Tlemcen (Algérie), Bouteflika rejoint dès 19 ans l'Armée de libération nationale (ALN) et vit la guerre d'Algérie au cœur du clan d'Oujda.

Après l'indépendance de l'Algérie de la France en 1962, il devient à 25 ans ministre des Sports et du Tourisme, avant d'hériter un an plus tard du portefeuille des Affaires étrangères. Il s'affirme comme le dauphin de Houari Boumédiène - « le père qu'il n'a pas eu », dira ce dernier. Bouteflika dirige la diplomatie algérienne pendant 16 ans à l'époque où l'Algérie s'affiche en leader du Mouvement des non-alignés, qui a donné une voix mondiale à l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie.

En 1979, après la mort de l'ex président Boumédiène, il est écarté de la scène politique sur fond d'accusations de malversations. Il est contraint à l'exil de 1981 à 1987, effectuant de fréquents allers-retours entre Dubaï et Genève.

1999-2019 : le règne et le déclin

De retour en Algérie en 1987, Abdelaziz Bouteflika est élu deux ans plus tard membre du comité central du Front de libération nationale (FLN). Pressenti durant les années 90 pour occuper des fonctions de ministre, il décline ces propositions dans un contexte où le pays était plongé dans une guerre civile qui a fait au moins 200 000 morts.

En 1999, il est élu président de la République à l’écrasante majorité. Sa priorité : rétablir la paix dans le pays. Il parvient à négocier une trêve en décrétant un processus de réconciliation nationale. Deux lois d'amnistie, en 1999 et 2005, convainquent la majorité des islamistes de déposer les armes.

Omniprésent dans la vie politique algérienne, l’ex président  Bouteflika est soudainement devenu quasi-invisible depuis un accident vasculaire cérébral en 2013. Son état de santé n’a cessé de se dégrader et sa mobilité est réduite. Sa capacité à gouverner le pays a été régulièrement remise en question et son entourage accusé d'exercer une influence considérable, sur lui, en particulier son frère Saïd Bouteflika.

Le président déchu par le Hirak

Bouteflika, qui est au pouvoir depuis 20 ans, avait abandonné son projet de briguer un cinquième mandat alors que l'opposition à son régime augmentait. Après des semaines de manifestations de rue massives, le général Ahmed Gaïd Salah, ex-chef d'état-major de l'armée, et d'autres proches du chef de l'État ont également réclamé son départ du pouvoir

La présidence algérienne avait déclaré que M. Bouteflika allait démissionner avant le date de l'expiration de son mandat. Sous la pression accrue du mouvement de contestation populaire du “Hirak” et de l’armée, l'ex président a annoncé sa démission le mardi 2 avril 2019. Ce jour-là, il était apparu pour la dernière fois à la télévision pour annoncer qu’il jetait l’éponge.

Depuis sa chute spectaculaire, presque aucun détail ne filtre de sa vie quotidienne.  Selon l’AFP qui citait une source proche de son entourage, Bouteflika vivait « entouré de sa sœur et d’une équipe médicale dans sa résidence médicalisée de Zeralda ».

 

 

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