Agence Paris Opéra : Air Algérie confrontée à la colère de ses clients

Le calvaire des algériens se trouvant en France n’en finit toujours pas. Pour pouvoir rentrer en Algérie, certains émigrés font la queue devant l’agence du Ier arrondissement, à Paris, dans l’attente d’un remboursement ou dans l’espoir d’acheter un billet.

En effet, chaque jour, des centaines de clients de la compagnie nationale algérienne sont appelés en effet à faire des pieds et des mains et ce afin de se procurer un billet d’avion. Ou à la limite, se faire rembourser !

"C’est une grande galère mais moi je ne suis pas venu très tôt, je ne suis là que depuis 7h du matin", dira Farid, qui fait la queue devant le bureau parisien de la compagnie aérienne Air Algérie, en plein Paris.

Il y a autant de plaintes et d’histoires différentes que de personnes

Depuis plusieurs mois, des centaines de clients viennent réclamer un remboursement de leurs billets d’avion achetés en 2020, avant la crise sanitaire du Covid-19 qui a engendré une fermeture des frontières.

D’autres se rendent à l'avenue de l’Opéra, 1er arrondissement, pour acheter un billet pour rendre visite à des proches tandis que certains viennent dépités, après que le vol a été annulé. Retard de remboursement, difficulté à joindre le service client par téléphone, emails restés sans réponse, volonté d’acheter des billets en urgence, prix trop élevés… Sur place, il y a autant de plaintes et d’histoires différentes que de personnes.

Aux alentours de midi, le vigile à l’entrée - qui ne laisse entrer personne à moins d’avoir été appelé - l’explique une énième fois devant la foule agglutinée devant la porte : « On ouvre l’agence à 9h et nous prenons la liste des 100 noms des personnes qui sont venues tôt pour faire la queue.

"On attend, on attend, et peut-être que ça n’aura servi à rien"

Est-ce qu’il y aura d’autres tickets cet après-midi ? Je n’en sais rien. » Leyla, venue pendant sa pause déjeuner, Ghezala, tout droit arrivée de Bruxelles, et Jean-Yves, pour qui c’est la sixième fois devant l’agence, rien n’est sûr.

"On attend, on attend, et peut-être que ça n’aura servi à rien. On ne peut pas s’amuser à venir ici tous les jours ou prendre notre journée systématiquement, ça n’a aucun sens", lâche Merbouha, qui veut partir depuis plusieurs jours auprès de sa famille, en plein deuil.

Leyla ajoute : "Ce n’est pas normal ce qui se passe. Je vous le dis, hier, il y avait des messieurs de plus de 80 ans qui faisaient la queue depuis 4h25 du matin. » Une autre dame ajoute : « Tout à l’heure, un monsieur dont c’était le tour nous a dit qu’il était venu dès 1h du matin avec sa chaise. Il voulait absolument obtenir son rendez-vous. »

"Ce n’est plus possible. On en a ras le bol"

Des personnes âgées debout pendant des heures, parfois sans certitude de pouvoir entrer dans l’agence et obtenir une réponse, lèvent désespérément leur carte mobilité inclusion (anciennement appelé carte d’invalidité) mais le vigile n’y prête pas attention.

Comme Hafida, 70 ans, certains disent avoir payé des billets aller-retour à près de 1000€. Elle cherche à partir depuis plusieurs jours, sans succès : "Ce n’est plus possible. On en a ras le bol. Cette carte me permet d’être prioritaire partout en France, sauf ici. Je veux juste qu’on me laisse passer le mois de ramadan auprès de ma famille", dira-t-elle.

Et d'ajouter :"Qu’est-ce que je dois faire ? Revenir demain et espérer ? Ou me résigner à faire mes courses pour jeûner ici ? Je ne sais plus quoi faire. De toute façon on paye le prix fort et on n’est même pas assuré de pouvoir partir dans notre pays. Le billet peut être annulé à tout moment."

"Je veux juste être remboursé, 1 700 euros, ce n’est pas rien"

Et c’est justement ce qui s’est passé pour Hamid, qui avait réservé quatre billets à l’avance, en octobre 2021. Il était censé partir le 20 avril 2022 en famille et revenir le 15 mai. Au lieu de ça, il a découvert par hasard en se connectant à son espace client Air Algérie que les deux vols étaient annulés.

"C’est incroyable. Je n’ai reçu ni un SMS ni un email ni rien pour m’en informer. J’étais allé sur le site pour voir si je pouvais faire l’enregistrement. Et je n’ai pas été remboursé. 1700 euro ce n’est pas rien !"

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