Algérie Ferries au bord de gouffre, les travailleurs montent au créneau

C'est un tableau sombre que dressent les travailleurs l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) sur la situation de cette dernière. Dans des déclarations au journal El Watan, ces derniers affirment que la compagnie se trouve au bord du gouffre et se dirige inévitablement à la faillite si des décisions ne sont pas prises en urgence.

Des voyageurs et des députés de l'émigration ont crié au scandale dernièrement, suite à deux traversées effectuées presque à vide par Algérie Ferries au départ de Marseille. Finalement, il ne s'agissait que la face émergée de l'iceberg. Une dizaine de liaisons voire plus ont été ont été opérées avec des centaines de places inoccupées. C'est ce qu'ont en effet révélé les travailleurs de cette compagnie au journal El Watan, mercredi 31 août.

Ces agents dénoncent en fait un acte délibéré pour saboter l'entreprise. «Toutes ces places vides apparaissent miraculeusement le jour du départ. Paradoxalement, une note émanant de la direction générale interdit aux agences toute vente de billet le jour J, c’est-à-dire le jour du départ. Ceci n’est que la partie immergée de l’iceberg, car la situation des départs dans le sens France-Algérie est apocalyptique », ont indiqué ces derniers.

Les travailleurs de l'entreprise crient au scandale et dénoncent des actes de sabotage

Et d'ajouter : « Le sabotage fait perdre à l’ENTMV environs 3500 places pour passagers. Le manque à gagner dépasserait les 750 000 euros. La gestion catastrophique des réservations oblige un navire comme Badji Mokhrar à appareiller avec 1600 voyageurs au lieu de 1800, et 600 véhicules en moins. Notre malheur fait le bonheur de nos principaux concurrents. Au lieu de trouver des solutions à la situation critique que traverse l’entreprise, les responsables ne s’occupent que des réservations des amis, des copains et des pistonnés ».

Les travailleurs d'Algérie Ferries ont tenu à « préciser qu’une grande partie des billets vendus par les agences durant le mois d’août, les réservations ont été enregistrées au niveau de la direction générale. Celle-ci n’a pas levé le petit doigt pour rappeler à l’ordre la direction régionale ouest d’Algérie Ferries, trouvant le moyen de gérer la liste d’attente dans une agence loin de l’enseigne portuaire ».

Le passe droit, en mode de gestion

« Le traitement du départ Alger-Marseille du 14 août a été marqué par un fait gravissime pour l’intérêt général et de l’entreprise en premier. Ce jour-là, soutiennent-ils, le chef d’escale du port d’Alger, accompagné de deux éléments, s’est déplacé de la gare maritime du port d’Alger à la direction générale, en possession des documents de voyage (passeports, cartes grises et autres) des passagers en liste d’attente, juste pour pouvoir rajouter les places, et permettre à des dizaines familles de prendre le bateau et éviter par la même que le navire appareille avec des centaines de places vides ». Graves accusations, il faut l'avouer.

Ne s'arrêtant pas là, les protestataires qui ont apparemment ras-le-bol soulignent que « le système de réservation est monopolisé par une seule personne faisant la pluie et beau temps à la direction générale, le chef d’escale, qui a pourtant attiré (par courriels) l’attention de la direction générale, ne pouvait faire autrement. La responsable du système de réservation était absente et injoignable ce jour-là ».

« Le système de réservation est monopolisé par une seule personne »

Ce système, indiquent-ils, a été « acquis pour 140 000 euros avec en plus un abonnement mensuel estimé entre 12 000 et 20 000 euros, le système finlandais n’est pas plus performant que l’ancien. Les manifestes comptables sont toujours erronés, les recettes de la billetterie voyagée ne sont pas conformes à celles éditées par le système. La responsable du système de réservation a demandé que le travail soit assuré par Excel en attendant l’achèvement des corrections ».

Les agents d'Algérie Ferries ont affirmé que « pour faire diversion, on justifie les carences par la saturation du système. Celui de Corsica Linea, notre principal concurrent, ne connaît pas la saturation, est assez performant et fonctionne à merveille. La défaillance du système qui a coûté les yeux de la tête à l’entreprise a obligé, comme tout le monde le sait, des centaines de citoyens algériens à faire des queues interminables et passer quelques nuitées devant les agences de la compagnie, les autres victimes de l’anarchie (…) ».

Les défaillances techniques, l'autre phénomène

Ils dénoncent en outre « les défaillances techniques des navires (qui) sont monnaie courante à l’ENMTV. Se chiffrant en millions d’euros, les révisions périodiques n’ont pas réglé les innombrables problèmes techniques de la flotte. A titre d’exemple, le Tariq Ibn Ziyad, qui a passé trois mois (en maintenance) à Marseille, devait reprendre le service le 26 juin, mais n’a pu quitter le quai qu’à partir du 1er juillet avec deux embarcations hors service. Une telle contrainte impacte la capacité d’embarquement du paquebot, passant de 1300 à 1040 voyageurs, soit 260 passagers en moins ».

À travers ce long réquisitoire, les travailleurs d'Algérie veulent en fait titrer la sonnette d'alarme avant qu’il ne soit trop tard. Les autorités sont appelées du fait à réagir.

Lire aussi - Algérie : voici la somme en euros autorisée en avion et en bateau

Visa Algérie   Comment se rendre en Algérie ? Algérie Ferries

 

 

Retour en haut