Algérie : le dossier Khalifa de nouveau devant la justice

Abdelmoumen Khalifa et 11 autres accusés vont comparaître devant le Tribunal criminel près la Cour de Blida. La justice ouvre à nouveau le dossier de l'affaire Khalifa suite à l'acceptation de la Cour suprême le pourvoi en cassation pour la troisième fois. 

Cette nouvelle comparution de l'ancien P-DG du Groupe Khalifa intervient alors qu'il était déjà condamné, en novembre 2020, à une peine de 18 ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million de dinars. L’ancien P-DG du groupe « Khalifa », Abdelmoumène Rafik Khalifa, sera de nouveau appelé à la barre du Tribunal criminel près la Cour de Blida, après que la Cour suprême a accepté le pourvoi en cassation pour la troisième fois, dans les jugements rendus dans cette affaire.

Le "Golden Boy", actuellement en détention, a été, également, condamné à des peines complémentaires, à savoir la privation de ses droits civiques pour une durée de trois ans. L'ex-homme d'affaires et ses coaccusés sont poursuivis pour «constitution d'association de malfaiteurs», «falsification de documents officiels et usage de faux», «vol en réunion, escroquerie, abus de confiance et corruption», «falsification de documents bancaires», et «banqueroute frauduleuse». Le pourvoi en cassation sera déféré dans les prochains jours au tribunal correctionnel pour être rejugés à nouveau.

Chute et faillite frauduleuse de Khalifa Bank

Ce complexe financier "Khalifa" employait 20 000 salariés en Algérie et en Europe, sa chute ayant causé un préjudice pour le l’état et les actionnaires estimé par les avocats entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’Etat et aux épargnants. À la fin des années 1990, l'empire Khalifa, érigé principalement autour d'une banque "Khalifa Bank" avait connu une descente aux enfers dès 2003.

Les signes de la chute du groupe Khalifa ont commencé en 2002, qui comprenait une banque, une compagnie de transport aérien et une chaîne médiatique, lorsque les autorités algériennes ont pris la décision de geler les opérations de la « Khalifa Bank » suite à la découverte d'un détournement de fonds. C'est "l’affaire Khalifa Bank" qui impliqué la faillite de tout le groupe Khalifa.

Après la chute brutale de son groupe en 2003 et la faillite de la Khalifa Bank, créée en 1994 et mise en faillite en 2003, M. Khalifa s'était réfugié à Londres. Le procès de la faillite frauduleuse de la Khalifa Bank, fondée par le principal accusé, avait été rouvert en 2020 après la réponse favorable de la Cour suprême au pourvoi en cassation du dernier verdict prononcé en 2015.

Mandat d'arrêt pour corruption

Pour mémoire, 71 accusés ont été poursuivis dans l'affaire Khalifa après le décès de 5 qui ont fait appel devant la Cour suprême contre les décisions du procès de 2007, constatant que le nombre de témoins dans l'affaire dépassait 300, outre la partie civile et le victimes. Après sa fuite, Rafik Khalifa avait été remis à l’Algérie par les autorités britanniques en décembre 2013, suite à la signature de l’Algérie et le Royaume-Uni en 2007 d'un traité judiciaire permettant l’extradition des prisonniers et des justiciables

À cette époque, les autorités judiciaires françaises avaient ouvert une enquête sur l'homme d'affaire algérien et le tribunal français de Nanterre avait émis un mandat d'arrêt contre lui pour corruption, après quoi il a été arrêté en Grande-Bretagne. En outre, «Rafik le flamboyant» a été condamné par défaut devant le tribunal correctionnel de Nanterre (région parisienne) à cinq ans de prison en 2014 pour avoir détourné des millions d'euros lors de la faillite de son groupe.

En effet, écroué en 2007, Abdelmoumène khalifa avait été extradé par le Royaume-Uni fin 2013 après l'épuisement de tous les recours. L'homme d'affaires a fini par être emprisonné et jugé pour banqueroute et détournement de fonds, après son extradition de Londres ou il était réfugié depuis 2003, vers paris le 24 décembre 2013, après de longues procédures.

Condamnation à perpétuité

Lors d'un premier procès en 2007, M. Khalifa avait été condamné par contumace à la prison à perpétuité par le tribunal criminel de Blida pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux». Le milliardaire déchu a été arrêté à Londres, suite à un mandat d'arrêt européen délivré par les autorités françaises pour «blanchiment d'argent, abus de confiance et banqueroute frauduleuse».

En novembre de l’année 2020, l’inculpé principal dans l’affaire a été condamné à une peine de 18 d’emprisonnement, avec l’application d’une amende d’un million de dinars algériens, et les peines complémentaires représentées en quarantaine légale et le privant de ses droits civils et nationaux pendant une période de trois ans.

18 ans de prison ferme et saisie de l'ensemble des biens

Plus de 300 témoins étaient appelés à la barre, outre la partie civile et les victimes dans cette affaire tentaculaire. De hauts responsables et des personnalités du monde politique, financier et médiatique sont cités dans ce procès. Abdelmoumen Khalifa, 56 ans, a été condamné en juin 2015 à 18 ans de prison ferme après un procès de plus de 40 jours.

Le tribunal avait également ordonné la saisie de l'ensemble des biens de ce golden boy à la réussite fulgurante, courtisé à Alger et au delà. Selon des sources médiatiques, le pourvoi en cassation sera déféré dans les prochains jours au tribunal correctionnel. Ainsi, Abdelmoumène Khalifa et 11 autres accusés dans cette affaire, seront rejugés à nouveau.

Pour rappel, cette affaire avait mis un coup d'arrêt à l'investissement privé dans le secteur du transport aérien qui déjà été autorisé en Algérie au début des années 1991. Mais avec l'éclatement de l'affaire Khalifa en 2003 avait tout chamboulé.

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