"DIEU EST MORT" de Yasmina Hamlat : la voix des femmes soumises

Brut, audacieux et engagé, de par son titre déjà, "DIEU EST MORT" est un recueil de nouvelles aux mots fignolés qui interpelle le monde. Yasmina Hamlat signe ainsi son premier livre aux éditions Sydney Laurent (France). Etudiante en littérature française, originaire de Béjaia, en Kabylie, l'auteure se veut la voix des femmes soumises. 

"DIEU EST MORT" est un recueil de quatre nouvelles, sorti le 05 janvier passé, qui a pour quête principale la libération de la femme. Ce livre est une supplique à libération de la parole, celle de la femme ; une voix féminine muselée par les interdits, le sacré et les inégalités. L'auteure algérienne, étudiante en littérature française, défend sa passion d’écriture et tient à sa liberté.

Chaque nouvelle raconte le vécu d'une femme au parcours pas toujours aisé dans une société qui n'est pas prête à dépasser ses propres contradictions et sa schizophrénie dissimulée. Intransigeant, [the_ad id="7305"] ce recueil met à nu l'hypocrisie, la violence, les tabous et les ignorances d'un monde sans indulgence.

Une voix de femmes

D’une veuve amputée de chagrin à une jeune caissière brutalement violentée par son patron, les mots et les cris s’alternent, déchirent les entrailles du tabou pour dire l’interdit et parler au nom des victimes condamnées. Toutes résistent et mènent leur combat par l'écriture !

Dans la première nouvelle, "De tes cendres jaillira ma gloire", l'auteur raconte l'histoire d'une jeune femme pleurant la mort de son amant. [the_ad id="7305"] Après trois ans de deuil et de lamentation, elle décide de se battre pour avancer tout en brandissant contre son sort sa plume qui est la raison de sa survie. Un sombre long chagrin laissera place à une envie d’écrire pour vivre.

Seule contre tous

Dans "Une sainte libertine", titre de la deuxième nouvelle, une jeune femme tombe éperdument amoureuse d’un homme sans scrupule. La narratrice dénonce une chosification explicite de la femme qui n’est aux yeux de ce bourreau (et tant d’autres d’hommes) qu’un objet sexuel. [the_ad id="7305"] Le personnage, après des années d’attente vaine et de lutte contre son cœur, décide de tourner le dos à son quotidien pour recommencer une nouvelle vie sous la bénédiction de la plume.

Quant à la troisième nouvelle, "L’ombre d'une femme", il s'agit d'une jeune femme algérienne chassée par son père, exilée loin des siens, confie sa douleur à une plume fluide. Audacieuse, elle dénonce une misogynie sacrée promue par les deux sexes en Algérie ; entre le mariage forcé, le voile imposé, l’hypocrisie et la religion aveuglée par les traditions. Elle décide alors de parler au nom de toutes les femmes mises en marge de la société, soumises à une norme sociale inventée par le mâle afin de garder l’équilibre de la société.

L'écriture entre passion et liberté

Cette jeune femme bannie de chez-elle le dit à sa manière : barbe, prière, pèlerinage, voile intégrale ne sont pas les signes exclusifs de la piété et de la pureté. [the_ad id="7305"] Convaincue que quelques fidèles de ce Livre l’use pour des besoins personnels, elle dénonce le marchandage de la religion. Elle veut une co-existence entre les religieux et les mécréants, elle défend sa passion qui est l’écriture et tient à sa liberté.

Enfin, dans la dernière nouvelle d'où est tiré le titre du livre, "DIEU EST MORT", c'est l'histoire d’une jeune femme violentée par son patron, le mot tabou est articulé, la victime traumatisée, déchirée de rage, de haine, d’impuissance crie son innocence et supplie la société de condamner le crime.

Paris lui tourne le dos, exilée, noyée dans le chagrin et le mépris des siens, elle hurle l’injustice du Mektoub. [the_ad id="7305"] Elle se voit une parmi tant d’autres de victimes condamnées pour être femmes, des questions la bousculent, qui croire ? Qui démentir ? Et pourquoi DIEU ne lui est pas venu en aide ce soir-là, Dieu dort ? Non, Dieu est mort… ainsi ce recueil est né !

Quand la victime raconte !

Ces personnages féminins que l'auteur a soigneusement décrits, choisis, ne lui sont pas étrangers, ni au lecteur d'ailleurs. Ils sont inspirés d'un vécu, d'une réalité qu'on se voile parfois ; elles peuvent être des cousines, voisines ou étrangères, ou simplement imaginées.

Peu importe leurs genèses, toutes ces femmes faites par Yasmina ont toutes cette chose en commun : elles sont "la femme" victime de la misogynie qui veut parler. [the_ad id="7305"]
Et pour cause ! Elle est chosifiée, momifiée, sans mot à dire, tout le temps malmenée par le destin, ou Mektoub ; on n'y peut rien, c'est écrit !

C'est de cette "écriture" qui l'a incarcérée que la jeune auteure veut la libérer, par l'écrit ! Yasmina a ainsi consacré sa plume et sa jeunesse pour un combat né dans la douleur, en exil, au cœur de Paris. Elle a compris que certaines femmes n’ont pas ce droit de parler, de choisir ou d’être, elle a décidé donc d’être leur voix, parler et s'engager pour elles.

S'engager avec sa plume

Encore étudiante, Yasmina Hamlat se veut la voix des femmes soumises, marginalisées, piétinées au nom de la religion et des coutumes. Pour ces femmes aux gorges muettes, aux rêves lapidés, aux langues censurées, la fille de Béjaia écrit. [the_ad id="7305"] Oui, des femmes sans voix existent encore de nos jours, la jeune Yasmina en est consciente, même si les temps ont changés et que certaines brandissent aujourd’hui leur liberté !

Passionnée de la littérature française classique et des auteurs maghrébins d’expression française, pour elle, l’écriture est une thérapie. C’est grâce à sa plume qu'elle a pu surmonter l’exil, la solitude et le manque de sa famille.

Issue de la localité de Bouhamza, à Béjaia, Yasmina Hamlat a trouvé refuge dans l’écriture, des mots forts, fluides et spontanés lui tiennent compagnie. [the_ad id="7305"] Dans ce premier ouvrage, elle a regroupé ses textes tels qu’ils lui étaient venus dès la première fois, ils dégagent toujours leur originalité.

Ecrire pour vivre

"DIEU EST MORT" dégage aussi une soif de liberté, une liberté de penser et de dire mais aussi d'écrire. Dans les quatre nouvelles qu'il contient, les personnages féminins s’arrachent la parole pour réclamer, dénoncer et combattre ; des femmes qui réclament la vie.

Défier une norme ancestrale, héritée et transmise de génération en génération, [the_ad id="7305"] la talentueuse auteure de 26 ans s’engage pour libérer la parole de la femme soumise au silence, voilée par la peur et lapidée par une société prédatrice de changement. Fait de mots poignants, engagés, trempés d’audace et dégoulinant de douleur, "DIEU EST MORT" est un livre écrit pour cicatriser les plaies de femmes qui aspirent à la vie avant la mort.

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