« En France, je suis “issue de” et en Algérie, “l’immigrée” »

Nadia Henni-Moulaï est journaliste et écrivaine française d’origine algérienne. Elle est née en 1979 en Seine-Saint-Denis, elle grandit dans une cité populaire du Val d'Oise. A l’instar de plusieurs autres intellectuels français, algériens de souche, l’auteure du livre «  un rêve, deux rives » n’a pas renié ses racines. Bien au contraire. C’est ce que ressort d’un entretien accordé au journal Liberté, publié mercredi 17 novembre 2021. 

« En tant que Française issue de l’immigration maghrébine en France, j’ai toujours eu le sentiment d’avoir une place un peu particulière, un peu bancale. Naître et grandir en France n’empêchent pas d’avoir les yeux tournés vers l’Algérie à travers les parents, leur histoire. C’est quelque chose qui fait partie de mon identité.

Cette double culture, le fait de s’interroger sur sa place, en France ou en Algérie, est constant. On le voit aussi dans les yeux des autres qui ont toujours tenté de nous définir. », a-t-elle déclaré.

Et de poursuivre : « en France, je suis “issue de” et en Algérie, “l’immigrée”. Ces deux identités ont toujours cohabité plus au moins paisiblement. C’est un enjeu pour nous qui sommes à cheval entre différentes cultures, différents pays et différents enjeux, parfois opposés. »

« J’étais dans une phase où je me suis beaucoup questionnée »

Nadia Henni-Moulaï avoue cependant qu’elle a trouvé des difficultés pour se définir.  « Suis-je Française ou Algérienne ? Est-ce que je suis les deux ? Est-ce que je suis journaliste ? Est-ce que j’écris uniquement sur des sujets liés à mes origines ? Suis-je une militante ? J’étais dans une phase où je me suis beaucoup questionnée. » a-t-elle révélé.

Elle a fallu remonter dans l’histoire de sa famille pour enfin remonter la situation. « Finalement – et c’est ironique – l’histoire de mon père m’a permis de mieux m’ancrer dans cette histoire franco-algérienne. Je me définis comme une hybride, à ma place nulle part et partout. Remonter le fil de l’histoire familiale, jusqu’à celle de mon grand-père né en 1866 et mort en 1936 – il n’a donc jamais connu l’Algérie libre – puis celle de mon père m’a resituée dans cette histoire complexe française et algérienne. », a-t-elle expliqué.

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