"Récupération des fonds volés aux Algériens" : la France prête à coopérer

Les autorités algériennes multiplient les démarches afin de lever les obstacles et faciliter le gel et la récupération des avoirs volés et détournés à l’étranger. Pour cela, l’attitude coopérative des Etats est déterminante. De son côté, la France se montre plutôt prête et affiche sa disponibilité de coopération à ce sujet.

L’Algérie a saisi de nombreux pays en vue de la récupération de ces avoirs illégalement soustraits à la collectivité nationale. Le renforcement de la coopération pour l’identification, le gel, la saisie est de mise.

Toutefois, cette démarche visant la récupération des fonds détournés et transférés à l’étranger n’est pas chose facile face aux ramifications des réseaux du trafic et le secret bancaire qui caractérisent ces opérations.

«Il y a un certains nombre d’entraves. Il s’agit des difficultés liées à la localisation, l’identification, la saisie, la confiscation et le recouvrement des avoirs illicites détournés et transférés à l’étranger», a affirmé le directeur général de l’Office central de la répression de la corruption (OCRC), Mokhtar Lakhdari lors du séminaire organisé à la Résidence des magistrats à Alger ce dimanche.

"Situer les difficultés et proposer des solutions"

«La rencontre nous permettra de situer les difficultés, d’en discuter et proposer des solutions d’ordre opérationnel», ajoute-t-il lors de ce séminaire organisé par le Programme d’appui au secteur de la justice en Algérie, en collaboration avec l’Union européenne.

Selon l'avis des experts, la récupération des fonds détournés à l’étranger ne sera possible que si la volonté des autorités, de part et d'autres, est présente. Le laxisme et l’attitude peu coopérative de certains Etats sont pointés du doigt. A cela s’ajoutent, les difficultés dans la collecte des données patrimoniales et la faible capacité à traiter rapidement toutes les informations recueillies.

Pour le DG de l'OCRC, Mokhtar Lakhdari, la coopération algéro-française portera ses fruits dans les prochains mois. Ainsi, ce séminaire, ayant pour thème «Les enquêtes économiques et financières complexes : identification, saisie et confiscation des avoirs criminels», a permis le renforcement de cette coopération entre les deux pays.

"Les échanges avec la partie algérienne sont fortement intéressants"

«La présence de la délégation française à ce séminaire, notamment le procureur de la République financier, chef du parquet national financier, Jean-François Bohnert, et le directeur général de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc), Nicolas Bessone, témoigne de notre engagement commun à lutter contre toute forme de criminalité transnationale», relève Mokhtar Lakhdari.

Selon lui, le plus important n’est pas le nombre des affaires à traiter ou la nature des entraves qui peuvent exister, mais la qualité de la coopération entre l’Algérie et la France. Chose confirmée par Jean-François Bohnert, qui note que "les échanges avec la partie algérienne sont fortement intéressants", tout en précisant que les autorités algériennes et françaises travaillent dans un esprit d’ouverture et de coopération.

"Faire revenir cet argent vers les pays qui ont été spoliés"

«L’Algérie est très ouverte en matière de coopération non seulement avec la France, mais aussi avec d’autres pays. Il est normal que nos collègues algériens cherchent les bonnes pratiques. Nous allons, durant cette rencontre, comparer nos instruments, quels en sont les avantages et les inconvénients, et s’inspirer des expériences des uns et des autres. Le travail est aussi de promouvoir la coopération internationale dans les enquêtes pénales», a souligné le procureur de la République financier.

Le responsable relève qu’avec la compétence extraterritoriale qui existe en France, «nous avons cette possibilité d’aller chercher les responsabilités là où elles se trouvent, notamment à l’étranger».

Et d'ajouter : « la thématique des biens mal acquis est très importante pour nous, par ce qu’elle suppose derrière une spoliation de pays. Nous avons cette possibilité d’aller saisir et faire confisquer des biens et faire condamner les gens qui ont mal acquis un certain nombre de biens. L’idée est de faire revenir cet argent vers les pays qui ont été spoliés».

Les autorités algériennes misent sur le renforcement de cette coopération

La faible coopération dans le cadre des réseaux d’échanges informels d’information et des insuffisances en matière de l’entraide internationale est aussi soulevée comme entrave lors de cette rencontre. Pour cela, l'Algérie compte énormément sur la collaboration des pays concernés pour rapatrier ces avoirs illégalement soustraits à la collectivité nationale.

A cet effet, la multiplication des accords d’entraide judiciaire et de coopération sur la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent s'impose pour lever les entraves. A ce sujet, les autorités algériennes misent sur le renforcement de la coopération technique avec la France liée avec l’Algérie par un accord d’entraide judiciaire.

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