Air Algérie va-t-elle effectuer des vols fantômes avec l’Europe ?

La Commission européenne a exigé des compagnies aériennes desservant le continent d’utiliser au moins 50% de leurs créneaux aéroportuaires  cet hiver, au risque de les perdre. La compagnie nationale Air Algérie qui est concernée par cette décision sera contrainte d’effectuer des vols fantômes avec l’Europe ou de renforcer son programme de vols spéciaux.    

La Commission européenne a avisé les compagnies aériennes que pour l'hiver 2021/2022, elles devront utiliser au moins 50% de leurs créneaux aéroportuaires ou risquer tout simplement de les perdre.

La nouvelle mesure de la Commission européenne obligera les compagnies aériennes à opérer plus de vols au détriment des enjeux  commerciaux. Autrement dit, les transporteurs concernés dont Air Algérie devront envisager la possibilité d’effectuer des vols fantômes sans voyageurs pour garder leurs créneaux aéroportuaires en Europe.

Il est en effet, inenvisageable que les autorités algériennes autorisent la reprise des vols d’Air Algérie à raison de la moitié de ses créneaux avec l’Europe. En outre, des vols fantômes ne seront pas seulement sans rentabilité pour la compagnie mais causeront des pertes financières importantes pour sa trésorerie.

L’IATA monte au créneau

 De son coté, l'Association du transport aérien international (IATA), basée en Suisse, a qualifié la décision de la Commission européenne sur les créneaux horaires de "déconnectée de la réalité". Elle  affirme que la décision risque désormais de faire dérailler une reprise et obligera les compagnies aériennes à opérer des vols fantômes inutiles et coûteux.

Le directeur général de l'IATA, Willie Walsh, a fustigé cette mesure ‘’insensée’’. « Une fois de plus, la Commission a montré qu'elle était déconnectée de la réalité. L'industrie du transport aérien est toujours confrontée à la pire crise de son histoire. La Commission avait un objectif ouvert d'utiliser le règlement sur les créneaux horaires pour promouvoir une reprise durable pour les compagnies aériennes, mais elle l'a raté. Au lieu de cela, ils ont fait preuve de mépris pour l'industrie et pour les nombreux États membres qui ont demandé à plusieurs reprises une solution plus flexible, en poursuivant obstinément une politique qui est contraire à toutes les preuves qui leur sont présentées. »

Les trois arguments de l'IATA

l'IATA avait mis en avant  trois raisons pour lesquelles les compagnies aériennes avaient besoin  d'une dispense de créneaux d' hiver. Les trois arguments sont :

  • La reprise actuelle du transport aérien entre l'UE n'est qu'un indicateur partiel de la reprise dans les aéroports à créneaux limités où le trafic mondial ne s'est pas encore rétabli. L'IATA a estimé qu'à la fin de 2021, les voyages internationaux ne représenteront plus que 34 % de ce qu'ils étaient en 2019.
  • La demande de voyages aériens en hiver est constamment bien inférieure à la demande estivale, et les preuves pour l'hiver à venir montrent que les réservations sont en baisse. Les réservations long-courriers en Europe représentent en moyenne 20 % des niveaux de 2019 malgré un pourcentage élevé de personnes vaccinées.
  • Avec une augmentation des variantes de COVID-19, il y a toujours une inquiétude que les restrictions de quarantaine puissent être mises en œuvre et les frontières fermées avec peu ou pas de préavis.
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