Khellaf Oudjedi : "La littérature m'a permis de voir le monde comme je l'ai rêvé"

A l’occasion de la sortie de son premier livre, « Histoire d’Akfadou, Ait-Mansour Imesdourar », le 15 novembre 2022, l’artiste, poète et écrivain Khellaf OUDJEDI, nous parle de poésie, histoire et littérature.

Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Je m'appelle Khellaf OUDJEDI. Né à Akfadou dans la wilaya de Bgayet il y a de cela 66 ans, je suis père de cinq enfants et plusieurs fois grand-père. Professeur de français au collège, je suis retraité depuis huit ans.

J'étais membre fondateur et parolier du groupe Akfadou  dont je me suis séparé en 1996. En 2019, j'ai publié un album de poésie kabyle. Il m'arrive d'écrire des textes à des chanteurs kabyles.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour écrire votre dernier livre ?

L'amour de ma montagne natale était tel que je ne peux jamais la quitter depuis mon enfance. Les chants de nos villages, les contes, les légendes autour de personnages locaux qui ont nourri mon imaginaire ont été les ferments de ma culture personnelle même si je ne dois pas négliger l'apport de l'école et de mes lectures.

Écrire l'histoire de mon patelin était mon rêve d'enfant. Des personnes ont réussi à transformer ce rêve en projet dans mon esprit. Pour ne citer que l'une d'elle, je parlerai de MokraneGacem, un journaliste militant très connu, qui a su me convaincre, arguments et vestiges archéologiques à l'appui, que la tribu des Aït-Mansour (Akfadou) a une histoire dont la profondeur va de l'antiquité, voire de la préhistoire à nos jours. Ainsi, j'ai annoncé mon intention d'écrire un livre sur l'histoire d'Akfadou et ses villages. L'écho très enthousiaste rencontré par cette annonce auprès de la population de ma région m'a fait pousser des ailes !

Il aura fallu une enquête de terrain de plusieurs années pour rassembler les informations nécessaires pour l'écriture de mon livre qui est ventilé en sept chapitres. La description du massif forestier de l'Akfadou, l'histoire de cette tribu depuis l'antiquité à nos jours, les hauts faits de la guerre de libération à Akfadou, l'histoire de deux écoles primaires dont les pionniers sont des conscrits de l'armée française,  le passé de chacun des quatorze villages de la tribu Aït-Mansour Imesdourar, sont autant de thèmes qui constituent la trame de cet ouvrage.
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Je ne remercierai jamais assez les citoyens d'Akfadou pour avoir contribué à l'écriture de ce livre par leur disponibilité à répondre à toutes mes questions. Je remercie particulièrement M. Mehenni MOUTERFI du village Aït-Soula (Chemini) et M. Hakim FERKIOUI d'Ikedjane (Tifra) pour leurs précieux conseils.

C’est en écrivant nous-mêmes l’histoire de notre région que les  autres ne pourraient pas falsifier notre passé.

Quel est votre rapport à la lecture, la littérature ?

La lecture est un moyen d'information, un outil pour s'instruire et se cultiver. C'est grâce à la lecture que la littérature, les sciences et l'histoire sont transmises d'une génération à une autre sans aucune altération. La lecture, c'est une échappatoire quand on a le cœur lourd.

Même si j'ai baigné dans une culture essentiellement orale durant mon enfance (contes de ma mère, légendes racontées par les vieux, les joutes féminines lors des fêtes, échanges solennels dans la djemâa lors de tajmaat...), j'ai vite été aspiré par la lecture.

Comment écrivez-vous ? Cette évolution à partir de l'éclosion du sujet et jusqu'à sa mise en écriture.

J'écrivais de la poésie selon mon inspiration qui vient souvent la nuit quand tout le monde dort. On a besoin d'être seul pour écrire. Quant à ce livre, qui est mon premier, comme je l'ai dit plus haut, j'ai commencé par une enquête auprès des villageois ; Ensuite, j'ai consulté des ouvrages d'histoire comme « L'histoire des Berbères » d'Ibn Khaldoun ou encore « Le Djurdjura à travers l'Histoire » de Boulifa et d'autres ouvrages de références. Enfin, j'ai fait des visites sur le terrain en quête de vestiges archéologiques. La mise en écriture se faisait au fur et à mesure que j'avançais dans mes recherches.

Avez-vous une pratique d'écriture individuelle ? Avez-vous déjà participé à un concours littéraire.

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Tout à fait, j'ai une façon d'écrire qui m'est propre. Je n'ai participé à aucun concours littéraire ou autre.

Quelle est votre première grande découverte littéraire ? Et votre dernier coup de cœur ?

Il y eut la bibliothèque verte, ensuite les grands écrivains français (Hugo, Balzac, Zola, Lamartine, Stendhal, Alexandre Dumas père et fils, etc.). « Le Rouge et le Noir » de Stendhal  est un livre qui m'a marqué tant il a idéalisé le sentiment amoureux et la religion. J'ai lu « Nedjma » de Kateb Yacine, « Les chemins qui montent de Feraoun », « La Colline Oubliée » de Mammeri, « La Grande Maison de Dib et la quasi-totalité de l'œuvre de Yasmina Khadra. Mon dernier coup de cœur, c'est le tome II des Mémoires de Saïd Sadi « La fierté comme viatique ».

La littérature m'a permis de voir le monde comme je l'ai rêvé.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui hésiterait à se lancer dans l'édition ?

A toute personne qui voudrait se lancer dans l'écriture, je dirai « A cœur vaillant rien d'impossible ». Tout ce qu'on entreprend, on le réalise. L'hésitation fait le lit à toutes les déceptions.

Votre dernier mot

Merci à Algérie-expat de m'avoir ouvert ses colonnes pour m'exprimer. Plein succès à votre équipe.

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