Artiste algérien tué au Bataclan : « Mon fils est mort un violon à la main »

Les attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan ont fait 130 morts et plus de 350 blessés. Parmi les personnes qui ont trouvé la mort ce jour-là, un jeune étudiant et artiste algérien répondant au nom Kheireddine Sahbi. Le violoniste a été assassiné alors qu’il passait par hasard devant une terrasse. Il est l’une des deux victimes algériennes des attentats du Bataclan, avec Djalal âgé de 31 ans.

Le procès de l’attaque sanguinaire se poursuit à Paris. Le père de Kheireddine Sahbi, est passé à la barre pour parler de son fils et s’adresser aux accusés. Hémana Sahbi a voulu à être présent à ce procès par devoir de mémoire.

« Je tiens à être là pour mon fils, c’est un devoir de mémoire. Ses trois frères et sœurs ne viendront probablement pas. C’est encore trop douloureux pour eux. Alors je serai là pour représenter la famille de Kheireddine », avait-t-il confié sur Skype quelques jours avant son départ à Paris.

« Il a fallu faire intervenir l’ambassade de France en Algérie pour débloquer la situation. Mais croyez-moi, je l’ai bien le motif impérieux demandé par les autorités françaises [pour avoir le droit d’entrer sur le territoire français]. On va juger les assassins de mon fils, c’est suffisant non ? », a déclaré ce père de famille alors qu’il était toujours en Algérie.

« Voilà ce que j’ai dis à ce terroriste »

En effet, Hémana Sahbi a bien réussi à aller au procès. Il a été appelé à la barre le 30 septembre dernier. « J'ai dit à ce terroriste de malheur (Salah Abdeslam, accusé) : "Votre religion ce n'est pas la même que celle que je pratique. Si vous n'aimez pas la France et que vous voulez tuer des mécréants, alors il fallait partir, aller ailleurs !"», a-t-il révélé le 7 octobre passé à RT France.

«Qu'est-ce-que c'est que ces histoires de mécréants ? Il veut tuer les trois milliards de bouddhistes aussi ? Et en conclusion, je lui ai cité mon verset préféré du Coran : "Dieu est beau et Dieu aime ce qui est beau", je lui ai conseillé de méditer là-dessus.», a-t-il ajouté.

«J'allais appeler mon fils, mais il était déjà à la morgue»

Hémana affirme que la douleur « est toujours présente », six ans après le meurtre de son fils. «J'allais appeler mon fils, mais il était déjà à la morgue... Le monde s'est écroulé autour de moi.», se souvient-il.

Le 13 novembre 2015, Kheireddine a été tué d’une balle qu’il a reçue en pleine poitrine. « Il n’était pas assis sur la terrasse de La Bonne bière comme les autres victimes, il est passé juste au moment où il y a eu la fusillade. Quand la fatalité est là, on n’y peut rien… On le surnommait Didine. Parce que Kheireddine, c’est trop long à dire. Appelez-le Didine si vous voulez. », raconte son père.

« Il est mort son violon à la main », a t-il encore dit affirmant que son défunt fils avait « un esprit éclairé face à des esprits ténébreux. Ces terroristes n’aiment pas ce qui est beau. Mais le beau, pour mon fils, c’était sa vie».

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