Secte satanique en Algérie : entre fantasme et réalité

Les éléments de la sûreté de wilaya d’Annaba ont perquisitionné, jeudi soir, une villa à Sidi Aissa, sur les hauteurs de la commune d’Annaba. Près de 70 personnes ont été arrêtées pour "organisation ou participation à une fête et à des rites sataniques", selon les enquêteurs en charge de l’affaire.

L’événement était rythmé aux styles de différentes musiques électroniques au son infernal dont raffolent les jeunes. La perquisition est menée au niveau de l’une des villas qui abritait cette fête non-autorisée prévue jeudi dernier de 18h00 à 23h00 au niveau d’une villa à Sidi Aissa, sur les hauteurs de la commune d’Annaba.

Munis d’un mandat de perquisition délivré par le procureur de la République près le tribunal d’Annaba, les policiers de la sûreté de la wilaya, avec l’aide des gendarmes, sont arrivées sur les lieux vers 19h15. Les forces de l'ordre ont procédé au transfert vers le commissariat central, de la totalité des convives de la soirée.

Soirée non autorisée

A leur arrivée, la piste de danse était pleine et la foule bouge dans tous les sens, mais l’intervention a vite mis un terme à cette soirée non autorisée. En effet, l’organisation de cette soirée dansante est réglementée et l’obtention préalable des autorisations nécessaires est essentielle.

Mais personne ne se doutait que la soirée allait être aussi longue entre les murs du siège de la sûreté de wilaya. Lors de cette opération, beaucoup de jeunes présents sur les lieux ont coopéré avec les policiers.

Ils croyaient au début que cette descente était destinée à surprendre et arrêter de potentiels consommateurs de drogues. Car, en les débarrassant des drogués et toxicomanes ne pouvait que rendre la soirée meilleure et mieux profiter.

« organisation d’une fête et de rituels sataniques »

En tout, près de 70 personnes ont été arrêtées selon les enquêteurs en charge de l’affaire. La police judiciaire révèle qu’au moins 6 des individus présents à ladite fête ont été placés en garde à vue. Ils seront présentés ce dimanche par-devant le procureur de la république près le tribunal d’Annaba.

Il s’agit de l’organisatrice de la soirée, la propriétaire de la villa et son frère qui lui ont loué le domicile. Ils auraient été arrêtés pour « organisation d’une fête et de rituels sataniques ». Par ailleurs, trois autres individus ont été aussi arrêtés alors qu'ils étaient en possession de joints, cigarettes contenants de la résine de cannabis.

Cette opération a permis l’arrestation pour examen de situation de près de soixante-dix personnes, dont une trentaine de femmes parmi lesquelles se trouvaient deux ressortissantes étrangères.

Présence de deux ressortissantes étrangères

Selon les enquêteurs, il a été enregistré la présence de deux ressortissantes étrangères. Il s'agit d'une russo-britannique venue en Algérie en compagnie de sa cousine et de son conjoint originaire d’Annaba. Cette dernière avait été prise de panique et n'a pas arrêté de pleurer à l’entrée des policiers.

Comme la femme ne comprenait pas l'arabe, les policiers ont permis à son conjoint de la rassurer. En effet, les policiers avaient commencé par maîtriser son compagnon et ce n’est qu’avec leur arrivée qu’elle a commencé à comprendre, mais n’arrivait toujours pas à se calmer.

Entre choc et amusement

Une fois les auditions terminées, les "fêtards" se rendirent compte que les charges que tentaient de retenir les policiers contre eux étaient beaucoup plus lourdes que la simple infraction à un décret administratif. "Aucune preuve matérielle ou autre, à propos d’une quelconque pratique de rites sataniques n’a été trouvé lors de cette perquisition", se défendent-ils.

"S’ils avaient vu nos têtes durant le Ramadan, les policiers n’auraient jamais pensé à tenter de nous coller cette accusation", ont affirmé ces jeunes en référence au jeûne et à leur profond respect et attachement aux valeurs de l’Islam, même s’ils ont été « surpris » lors d’une « soirée mixte ».

En effet, l’ensemble des personnes, composées essentiellement d’étudiants, d’artistes, de médecins et de cadres, étaient partagées entre choc et amusement en apprenant ce qu’ils ont qualifié d’accusation grotesque et Kafkaïenne.

"confondre l’électro avec du satanisme ?!"

"J’aurais pu comprendre l’approche des autorités sécuritaires s’il s’agissait d’une soirée de métal ou de hard-rock à l’image de celles qui avaient lieu il y a une dizaine d’années de cela au niveau du théâtre de verdure, lors de l’Azimut Rock Festival d’Annaba", explique l’un des jeunes présents à cette soirée.

Avant de poursuivre : "cet événement mettait en scène des spectacles sataniques, sans que personne n’y croit réellement. En plus, il est assez fréquent de faire l’amalgame entre le métal et le satanisme. Mais je n’arrive vraiment pas à comprendre comment ils peuvent confondre l’électro avec du satanisme ?!".

Enfin, plusieurs participants, arrêtés puis relâchés entre 4h00 et 6h30 du matin, ne sont pas prêts d'oublier cette soirée. "Beaucoup de policiers nous avaient même déclaré qu’ils étaient heureux avant la perquisition, qu’ils pensaient préparer le coup de filet de l’année en nous arrêtant en flagrant délit en train de pratiquer les rites imaginaires qu’ils ont l’habitude de voir dans les séries B. Finalement ils ont été déçus de trouver juste une bande de jeunes en train de danser et de dépenser leur trop plein d’énergie en dansant, dans une ville qui ne leur offre presque aucun loisir », témoignent-ils...

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